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  • Photo du rédacteurThomas GROLLIER

Brève cartographique #39


 

Grand déplacement vers l’Orient ce vendredi et, en l’état, la Chine. Enfin la Chine c’est vite dit car il y a en deux. Si!

La plus connue est la plus vaste c’est la République Populaire de Chine. C’est, sans conteste, la Chine historique et celle que tout le monde nomme ainsi aujourd’hui. Elle vit officiellement sous régime communiste mais nous pourrions plutôt la qualifier de régime oligarchique aujourd’hui. En face l’île de Taïwan qui est presque tout aussi officielle avec la République de Chine. Bienvenus dans le casse-tête chinois.

Petit retour en arrière historique. Affranchie du régime impérial en 1912, la République de Chine s’est surtout construite par les armes avant, pendant et à l’issue de la 2e guerre mondiale. Après l’expulsion des forces japonaises coupables d'atrocités ignominieuses (massacre de Nankin entre autres), les armes continuent d'aboyer de 1945 à 1949. La guerre civile secoue alors ce qu’on appelle encore improprement l’Empire du Milieu. D’un côté les forces révolutionnaires communistes de Mao Zedong et de l’autre celles du pouvoir en place, le Kuomintang, avec le très autocrate Tchang Kaï-Chek.

Tchang Kaï-Chek

Bon vous connaissez la suite : les rouges gagnent et les nationalistes fuient vers l'Île de Taïwan en décembre 1949. Et c'est plutôt là que ça devient étonnant. Cette « Chine » qui part avec Tchang Kaï-Chek embarque dans ses valises tout ce qui faisait la Chine pour les instances internationales. La « République de Chine » ne contrôle plus alors que l'île de Taïwan et quelques confettis dont on va parler plus bas. De l'autre côté du détroit de Formose, les communistes fondent la « République populaire de Chine » dans ce vaste territoire continental qu'on lui connait aujourd'hui (complétée par l'annexion du Tibet en 1951 et plus récemment de Macao et Hong-Kong).

Mao proclament la République Populaire de Chine (1949)

Du côté de Pékin, vainqueurs incontestés de la guerre civile, on estime logiquement être les seuls garants de la marque "Chine" et pour qui Taïwan n'est qu'une province qui doit revenir dans son giron. Idem côté Taïwan qui fort de sa légitimité républicaine initiale, se revendique donc comme la seule Chine, expulsé temporairement par les forces révolutionnaires. Chacune des deux entités revendiquent donc le territoire de l'autre. Plus fort, la « République de Chine » avait été promue membre permanent au Conseil de Sécurité en 1946, c'est donc bien l'entité taïwanaise qui, jusqu’en 1971, sera donc la voix de la Chine à l'ONU. Tchang Kaï-Chek dirige alors Taïwan de 1950 à sa mort en 1975. Il faudra attendre l'assouplissement du régime dans les années 80 pour un retour vers la démocratie au milieu des années 90 puis l'élection d'un président non issu du Kuomintang en 2000.

Mais retour sur la géostratégie autour de l'Île de Taïwan. Fin XIXe siècle elle était sous contrôle japonais et le sera jusqu’en 1945. Elle se nommait alors Formose, d'où le nom du détroit dont nous avons parlé plus haut. Large d'un peu moins de 140 km sur la plus faible largeur, c'est donc une étroite séparation maritime entre les deux "ennemis" chinois.

Mais encore plus impressionnant sont les quelques possessions taïwanaises à quelques encablures du littoral de la Chine continentale. En effet, quelques îlots avaient su, depuis 1949, résister encore et toujours aux envahisseurs communistes. Voici la liste des ces irréductibles iles taïwanaises. Au nord du détroit, les îles Matsu sont à 15 km de la Chine continentale. Au centre du détroit l’île Wuchiu est un peu plus éloignée avec 25 km (mais seulement 15 avec l'île chinoise de Luci). Plus au sud, le point le plus tendu géopolitiquement : l’île de Jinmen (autrement dénommée Kinmen ou Quemoy) et son îlot proche Leiyu. Seuls 4 petits kilomètres séparent Jinmen / Leiyu du continent. Leiyu, la plus proche de la Chine communiste devient donc rapidement une île forteresse uniquement accessible aux militaires taïwanais.

Jinmen – plage avec défense anti-débarquement

Bien vu, les forces de l’Armée populaire de Chine ont tenté par deux fois en 1954 puis surtout en 1958 de prendre le contrôle de ses iles. Tentatives de débarquement, bombardements... la tension est maximum dans le détroit de Formose. La Chine communiste veut pousser la limites de ses eaux sur 20 km supplémentaires. Pour protéger son allié taïwanais, les USA iront jusqu’à menacer de représailles nucléaires toute tentative d'annexion de ses petits territoires. Autant vous dire que cette zone des 4 km de bras de mer est un des endroits les plus tendus du globe. Baignade peu recommandée. Pour le moment c'est un statu quo tendu entre les deux Chine. La Chine continentale menaçant régulièrement Taïwan de l'envahir en cas de proclamation formelle d'indépendance. Et comme la Chine continentale considère que tout le détroit de Formose est sien, les tensions sont régulières avec les diverses forces maritimes de ce coin de la planète, USA en prime.

En dehors de ces étonnants et parfois périlleux ilots du détroit de Formose, la Chine et Taïwan revendiquent de nombreuses îles en mer de Chine méridionale : Paracels, Spratleys, Scarborough... Mais ça, ce sera pour une prochaine brève.

Taipei la capitale de Taïwan

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