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  • Photo du rédacteurThomas GROLLIER

Brève cartographique #46


 

-32 degrés Celsius en moyenne en janvier. Des chutes de neige presque toute l’année. Pas de soleil de mi-octobre à fin février. À contrario vous pouvez bronzer H24 d’avril à septembre. Cependant faites attention car la température moyenne est seulement de 3 petits degrés positifs en juillet. Ce climat paradisiaque est celui d’une base permanente canadienne : Alert. La caractéristique principale de ce site est qu’il est, en latitude, le plus nordique point d’habitation permanente de l’hémisphère nord. En effet seuls 800 kilomètres le sépare du pôle nord. Et la ville la plus proche est Iqaluit, la capitale de la province du Nunavut, à 2 000 km au sud d’Alert. Quand à la capitale fédérale, Ottawa, elle est à 4150 kilomètres. Fait étonnant Paris est également à cette même distance.

C'est que c'est grand le Canada. Avec presque 10 millions de km2, c'est le 2e plus grand pays de la planète. Bon, y a pas beaucoup de monde il est vrai, mais on s'en fout car :

1. Les canadiens sont sympa

2. Ils sont très bons en hockey sur glace

Donc moi le Canada ça me plait. Voilà.

L’emblème de la SFC Alert « Au-delà de la terre des Inuits ».

Mais retournons d'un pas alerte vers Alert. Les premiers humains à s'y rendre arrivent par la mer avec leur navire le HMS Alert. On est en 1875 et les anglo-canadiens accomplissent enfin le voyage vers le bout de leur pays : la pointe nord de l'Île d’Ellesmere. Cette vaste île – elle a une surface équivalente au Sénégal – est juste en face du Groenland. OK, c'est pas l'endroit le plus fun de la planète. En même temps c'est pas les scooters qui viennent vous arracher les oreilles.

Au milieu du XXe siècle, le site devient d’une importance stratégique majeure pour le pays à la feuille d'érable. La base commence à être aménagée au tout début des années 50, principalement pour les études météo. On lui donnera le nom du bateau qui a permis de l'atteindre. Puis l’aspect militaire a été développé avec la Station des Forces canadiennes (SFC) et ses missions de secours et surtout de surveillance radar. En pleine guerre froide peut-être que la relative proximité avec l’URSS a joué dans ces choix. Volonté aussi de marquer la présence canadienne dans une zone peu connue. Loin de tout mais pas du porte-monnaie, depuis 2017, le Pôle nord est désormais revendiqué par le Canada et cela en réponse aux revendications russe et danoise. Mais on reviendra un de ces jours sur la géostratégie du Pôle car elle fait froid dans le dos.


Au gré des années le site d'Alert accueille environ une centaine de personnes en moyenne. En plus des troufions, les scientifiques sont nombreux, tout autant que le personnel chargé de maintenir en état un site établi dans un environnement plus qu'hostile. Depuis le navire Alert de 1875, la base est partiellement accessible par mer avec de puissants brise-glaces. Mais c’est surtout par les voies aériennes que les rotations des personnels sont réalisées. Et pour cela Alert dispose d’un aéroport qui a donc la caractéristique d’être lui aussi le plus septentrional du globe. Mais cet aéroport n'est pas des plus faciles d'accès en raison de la météo extrême. Malheureusement le 31 juillet 1950 un Lancaster avec 9 personnes à bord s'écrase au seuil de la piste. Les corps reposent toujours dans ce qui doit être le cimetière le plus septentrional du globe. Si vous souhaitez en savoir plus sur ce drame, découvrez cet article de CBC News.


Mais finissons par une info plus légère. Par sa proximité avec le pôle et donc de la Finlande, les habitants de la base ont calculé que, depuis Rovaniemi, le père Noël commençait sa tournée nord-américaine par Alert. Maigre consolation pour la population d'Alert car ça ne doit pas être un cadeau d'y être un 24 décembre.

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