top of page
  • Photo du rédacteurThomas GROLLIER

Brève cartographique #36


 

Allez, ce vendredi, couvrez vous bien car on va prendre de l’altitude. Pour cela je vous propose d'aller vers le Zugspitze, le plus haut sommet de l’Allemagne, localisé au dessus d'un charmant petit coin de Bavière et un bourg qui a fait un peu parlé de lui dans la première moitié du XXe siècle : Garmisch-Partenkirchen. Pensez à bien enlever votre chewing-gum pour ne pas accrocher la prononciation. Bon on ne reviendra pas sur les malheureux JO d’hiver de 1936 mais, depuis, Garmisch reste la plus renommée station de ski allemande. Wunderbar! Depuis 1936 et l’intégration du ski alpin aux JO, chaque année la descente sur la piste nommé « Le Kandahar» est le grand moment de la saison (avec celles de Wengen et Kitzbühel). Oui vous avez bien lu, Kandahar comme la ville d’Afghanistan. Etrange pour une compétition à la neige mais ceci a une explication et on le doit (une fois encore) aux anglais, en l’état à la famille Lunn.


Arnold Lunn en 1925

Passionnés de ski alpin, les Lunn organisent dès 1911, une compétition de descente à Crans-Montana en Suisse. Ils demandent alors à Frederick Roberts, lord de Kandahar, grand général britannique de l’armée des Indes, de bien vouloir donner son nom de lord au trophée remis au vainqueur. Sur la lancée les Lunn organisent de nombreuses courses sous l'égide du Kandahar Ski Club. Dès 1928 la compétition se déroule sur plusieurs sites et prend le nom de Arlberg Kandahar, le fameux A.K. pour ceux qui connaissent le ski de compétition. Chamonix sur la Verte des Houches, Sankt Anton, Sestrières et sa Kandahar Banchetta, autant de stations de ski devenues mythiques. Logiquement en 1936, la piste devant accueillir la descente olympique fut donc nommée Kandahar. Ça a du grincer des dents du côté du régime nazi à l'idée d’utiliser le nom d'un lord britannique...


Cette piste de Garmisch est assez incroyable mais surtout, si vous regardez la retransmission TV vous allez apercevoir le magnifique sommet du Zugspitze, le plus haut sommet allemand à 2.962 mètres. L'Autriche partage également une partie du sommet avec son voisin bavarois. Fait amusant l'Allemagne considère le sommet à 2.962,06 mètres et l'Autriche a 2.961,79. Non aucun excès de bière dans cette différence d'analyse germanique. Juste que les teutons ont Amsterdam pour 0 altimétrique quand les Autrichiens ont celui de Trieste (qui fut autrichienne pendant 3 siècles).


Tellement fiers de leur sommet, les allemands ont déployé des moyens colossaux pour investir le site. En premier lieu ils ont engagé la construction d'une voie de chemin fer à crémaillère, le Bayerische Zugspitzbahn, qui zigzague sur 19 kilomètres depuis les 710 mètres d'altitude de Garmisch pour arriver à 2588 mètres. Depuis la gare d'arrivée, au pied du versant sud, un petit téléphérique vous conduit ensuite au sommet. Bon le train c'est mignon mais quand on est un rigoureux et pragmatique allemand on peut faire mieux bon sang! En 1960, pour monter plus de monde vers les pistes du ski du glacier au sud du Zugspitze la face nord se dote d'un téléphérique.


Depuis 2017 un nouveau téléphérique d'accès par la face nord a coché toutes les cases des superlatifs : plus haut pylône du monde (127 m), plus longue portée mondiale (3200 mètres sans pylône) et plus long dénivelé au monde : 1945 mètres. Deutsche Qualität ! Les cabines peuvent emporter 120 personnes et sont toute en verre. Acrophobes s'abstenir. Au sommet, une zone d'arrivée remplie de bâtiments à faire pâlir de jalousie les aménageurs du quartier de La Défense. L’Autriche, sur la partie ouest du sommet, a, elle aussi, construit son téléphérique. Et puis, tant qu'on y est, on y a ajouté des restaurant, des espaces commerciaux, des stations météo, des relais TV, des relais de transmissions... Bref ce sommet c'est un bordel monstre, le Disneyland de la montagne avec 500.000 visiteurs annuels.


Depuis la nouvelle gare d'arrivée du téléphérique allemand, elle aussi toute en verre (voir photo ci-dessus), les plus audacieux pourront suivre une sorte de via ferrata vers le vrai sommet à quelques mètres d'effort de la zone touristique. Une grande croix dorée (Gipfelkreuz Zugspitze) brille au sommet du Zugspitze d'où vous pouvez contempler la vue sur 4 pays : l’Allemagne, l’Autriche, la Suisse (distante de 65 km) et l'Italie (distante de 55 km).




Posts récents

Voir tout
bottom of page