Dans un monde si friand de possessions et gouverné par une implacable volonté de s'accaparer le moindre morceau de caillou pour y planter un drapeau, une île fait exception par sa bi-nationalité et a ainsi la particularité d’appartenir alternativement à deux nations limitrophes. Aujourd'hui mes amis, découvrons l'étonnante Île des Faisans entre Hendaye et Irun sur le fleuve côtier de la Bidassoa. Formée par l'accumulation de sédiments elle a aujourd'hui une superficie de presque 7000 m2.
Mais ce petit bout de territoire a connu plusieurs faits historiques qui ont permis son statut actuel si particulier. Avec les (trop) nombreux conflits entre la France et l'Espagne, l'îlot frontalier a souvent été le siège de rencontres plénipotentiaires et c'est sur cette île que François 1er est libéré des griffes de Charles Quint en 1526. Pendant de nombreux siècle la non souveraineté de l'île permet donc des échanges diplomatiques en « terrain neutre ». Il faudra attendre le traité de Bayonne de 1856 pour fixer le statut de l'île aux Faisans. Et c'est là ami lecteur que ça devient ultra étonnant. Car le traité instaure une co-souveraineté de l'île sous le régime de Condominium avec deux Vice-Rois issus de la marine de leurs pays respectifs. Ainsi lors des 6 premiers mois de l'année l'administration de l'île revient au Vice-Roi espagnol (le commandant de la station navale de Fontarrabie) et les 6 autres mois au commandant de la station navale de la Bidassoa. A charge aux communes d'Hendaye côté France et Irun côté espagnol d'entretenir l'île pendant la période de souveraineté de son pays. Le marin et écrivain Pierre Loti devint ainsi l'un des Vice-Rois a être « sacré » sur ce territoire. Il est donc amusant de constater que, malgré la République, le titre de Vice-Roi est donc toujours inscrit sur le descriptif de la fiche de poste du commandant de la station navale. Vice-Roi d'un Président élu, avouez que c'est peu commun...
Comentarios